Le Maroc consacre 2 % de son PIB aux dépenses sociales : une avancée majeure pour la santé publique ?

Le 27 mai 2025, le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a annoncé que le Maroc consacre désormais 2 % de son produit intérieur brut (PIB) aux dépenses sociales, positionnant le pays au deuxième rang en Afrique dans ce domaine . Cette initiative s’inscrit dans le cadre du chantier royal de généralisation de la protection sociale, visant à instaurer un État social moderne, juste et solidaire. Mais quelles sont les implications concrètes de cet engagement financier pour le système de santé marocain ?

Une transformation sociale ambitieuse

Le programme d’aide sociale directe a bénéficié d’une enveloppe budgétaire de 25 milliards de dirhams en 2024, avec une prévision d’augmentation à 29 milliards d’ici 2026 . Ce financement vise à soutenir environ 4 millions de foyers, soit près de 12 millions de Marocains, en leur offrant des prestations telles que la gratuité des soins et des hospitalisations dans les établissements de santé publics. (Telquel.ma)

Par ailleurs, la couverture médicale obligatoire (AMO) a été étendue à l’ensemble des familles marocaines, incluant plus de 4 millions de foyers vulnérables intégrés dans un régime non contributif. L’État prend en charge les cotisations de ces familles pour un montant annuel d’environ 9,5 milliards de dirhams .

Impact sur le système de santé

Depuis le lancement de ce système jusqu’à mars 2025, plus de 14 millions de dossiers médicaux ont été enregistrés auprès de la CNSS, dont plus de 300 000 relatifs à des maladies chroniques ou coûteuses. Près de 12 millions de dossiers ont été traités pour un montant global dépassant 17 milliards de dirhams, selon le chef du gouvernement .

L’intégration massive des travailleurs non salariés et indépendants dans le système de santé est également notable. Grâce à l’adoption de 28 décrets d’application, près de 3,5 millions de personnes bénéficient désormais d’une couverture médicale adaptée à leurs revenus. Jusqu’en avril, plus de 400 millions de dossiers ont été déposés, avec une moyenne de 2 255 par jour .

Défis et perspectives

Bien que ces avancées soient significatives, plusieurs défis subsistent :

  • Soutenabilité financière : La prise en charge des cotisations pour les foyers vulnérables représente une dépense annuelle de 9,5 milliards de dirhams. Il est crucial de s’assurer que cette charge soit soutenable à long terme.
  • Pénurie de personnel médical : Le Maroc fait face à un déficit important en ressources humaines dans le secteur de la santé. En 2024, le pays comptait environ 32 665 médecins, soit un ratio d’un médecin pour 1 156 habitants, bien en deçà du seuil recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui est de 2,5 pour 1 000 habitants. 
  • Évaluation de l’efficacité : Il est essentiel de mettre en place des mécanismes d’évaluation pour mesurer l’impact réel de ces dépenses sur la santé des citoyens et ajuster les politiques en conséquence.

Recommandations

Pour maximiser l’impact de ces investissements sociaux sur la santé publique, les actions suivantes sont recommandées :

  1. Renforcement des infrastructures de santé : Investir dans la construction et l’équipement des établissements de santé, en particulier dans les zones rurales.
  2. Formation et recrutement du personnel médical : Augmenter le nombre de professionnels de santé qualifiés pour répondre à la demande croissante.
  3. Mise en place de systèmes d’information : Développer des outils numériques pour le suivi et l’évaluation des programmes de santé.
  4. Sensibilisation et éducation sanitaire : Lancer des campagnes pour informer les citoyens sur leurs droits et les services disponibles.

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